Mariam Testard

Quelles étapes de ton parcours t’ont amenée à créer The Good Choice ?

Après un master en Ressources Humaines, j’ai été consultante en conduite du changement et cheffe de projet de formation dans de grandes entreprises. Au début de ma carrière, je devais sans cesse apprendre les codes d’un monde que je ne maîtrisais pas du fait de mon appartenance sociale ou géographique.

J’ai toutefois toujours eu une âme d’entrepreneuse. J’ai  développé des sides projects : je suis devenue wedding-planner, puis j’ai créé une entreprise de services à la personne. Je partais à chaque fois de besoins et d’envie que j’avais pu identifier autour de moi, j’avais besoin de créer continuellement. Je me suis aussi investie en parallèle comme bénévole dans le domaine de l’éducation. J’avais envie de conseiller les jeunes autour de moi et de leur apporter mon expérience.

J’ai finalement créé un lieu que la petite Mariam aurait aimé avoir quand elle était adolescente. Ce projet est une véritable impulsion du cœur !

Quel Quel est le rôle de The Good Choice ?

Au départ, nous étions  une entreprise qui permettait d’accompagner les parents et les enfants qui présentaient les premiers signes de décrochage scolaire. Pour avoir plus d’impact, nous avons décidé il y a un an de devenir une association.

En partenariat avec les communes, les collectivités, les missions locales, les entreprises et les établissements scolaires, on accompagne les jeunes à créer des projets à impact au sein de leurs quartiers ou de leurs villages. Ils reprennent ainsi confiance en leurs capacités en s’impliquant au niveau local et créent ainsi leurs propres voies. À l’heure actuelle, nous avons déjà accompagné plus de 1000 jeunes.

The Good Choice a un fort impact sociétal : pourquoi est-ce essentiel pour toi ?

C’est important pour moi d’être en phase avec mes valeurs. On évolue dans un système où il y a peu de mixité sociale. Malgré le grand nombre de possibilités d’orientation scolaire, plus de 100 000 jeunes quittent le système scolaire chaque année sans être diplômés. Avec The Good Choice, je souhaite apporter ma pierre à l’édifice.

Qu’est-ce qui t’anime au quotidien ?

Les retours des jeunes que l’on accompagne sont ma plus grande satisfaction. Voir, par exemple, un jeune garçon qui vient des quartiers populaires être sélectionné pour entrer à l’EM Lyon alors qu’il avait abandonné l’école depuis plus d’un an. Quand je constate qu’il a repris confiance en lui grâce à notre accompagnement, je suis ravie ! Il entame maintenant une nouvelle phase de sa vie qu’il n’aurait pas imaginée au départ.

À quel défi professionnel as-tu dû faire face ? Comment surmontes-tu les difficultés ?

Mon plus grand défi a été d’intégrer des personnes dans ma vision. J’ai eu du mal à déléguer. Aujourd’hui, notre équipe grossit et je dois susciter l’adhésion auprès de ceux qui m’entourent. L’enjeu est de leur transmettre comment incarner les valeurs de The Good Choice. J’ai la chance aujourd’hui d’être accompagnée pour cette étape cruciale.

Tu es lauréate de la première édition du Prix Femmes des Territoires 2024 : en quoi ce prix et la dotation peuvent-ils t’aider ?

Je suis très heureuse d’avoir gagné ce prix auquel j’ai candidaté au dernier moment ! Le prix Femmes des Territoires est très symbolique pour moi, car je défends cette notion de territoire au quotidien. Je suis fière de venir du 91, et ce prix montre la puissance de nos territoires, que ce soit les quartiers populaires ou les zones rurales. J’ai décidé de consacrer la dotation au financement d’un des aspects opérationnels de The Good Choice, sur le volet des ressources humaines.

Quelle est ton implication dans les réseaux d’entrepreneuses ?

Le collectif est très important pour moi. J’ai toujours fait partie de réseaux : ce sont les meilleurs endroits pour avoir des retours d’expérience. Aujourd’hui, c’est à mon tour de renvoyer la pareille. Je donne maintenant des conseils lors de conférences destinées à celles qui souhaitent se lancer.

Que dirais-tu aux femmes qui sont sur le point de se lancer dans l’entrepreneuriat ?

Je leur dirais trois choses. La première, entourez-vous des bonnes personnes. Soyez accompagnées, ne restez pas seules dans les moments de joie ou les périodes de doute. Ensuite, faites-vous confiance. On a trop tendance, nous les femmes, à minimiser l’incroyable travail que l’on accomplit chaque jour. Si vous avez une idée, foncez ! Enfin, prenez en compte également votre sphère familiale. C’est important de respecter son rythme  et celui de sa famille en dialoguant et en trouvant des compromis avec ses proches pour pouvoir vivre son aventure entrepreneuriale de la façon la plus sereine possible.

Si vous êtes animées par un projet, tentez votre chance !