Chrystèle Saint-Amaux

D’où vient ta sensibilité artistique ?

J’ai toujours été créative dès que j’ai eu un crayon entre les mains : j’ai constamment un dessin ou une peinture en cours. Donc, pour moi, être artiste c’est une nature avant d’être un choix de métier. Je suis d’ailleurs autodidacte, je n’ai jamais étudié l’art. Autour de mes 30 ans, j’ai traversé une crise existentielle qui m’a donné l’impulsion de me lancer. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de placer l’art et la créativité au cœur de ma vie.

Quelles sont tes sources d’inspiration ?

Je suis née et j’ai vécu au Cameroun jusqu’à mes 11 ans. Mes influences artistiques viennent indéniablement de là et des métiers exercés par mes aïeux. Ma grand-mère était couturière, mon arrière-grand-père ébéniste et ma mère confectionnait des patchworks. Mes sources d’inspiration sont donc multiples : le mélange des couleurs, les rendus bruts mais délicats, les métissages de styles, de techniques, de symboles, d’images. Tout m’inspire ! C’est cette harmonie trouvée dans des associations inattendues, faites de différence, qui est à l’origine de mon inspiration en général.

Comment réussis-tu à faire voyager ton art en dehors de ton atelier ?

Mes œuvres viennent embellir les intérieurs des particuliers qui cherchent à apporter de la couleur, de la joie et de la légèreté sur leurs murs. Je compose aussi des fresques murales pour transformer les espaces : un cabinet médical, une boutique, un hôtel ou un hall d’entreprise. La fresque permet une totale personnalisation autant dans les thèmes que dans la colorimétrie. Quand elle est terminée, elle offre un autre regard sur la pièce où elle a été réalisée.

Aujourd’hui, tu ouvres aussi ton atelier Maison Tokoto à des événements : en quoi la transmission et l’accueil sont-ils importants pour toi ?

L’art de vivre est un véritable héritage familial ! Je viens d’une famille où l’on aime cuisiner, partager et recevoir. En 2022, j’ai ouvert à la privatisation la Maison Tokoto, mon atelier d’artiste. J’y organise des expositions, des ateliers, mais également des réunions, des journées de travail, des afterworks pour des indépendants et des entreprises en manque d’insolite.

Cet espace d’accueil est un lieu très atypique et pittoresque en Touraine où j’ai posé mon style un peu partout. C’est une voie pour sensibiliser les personnes à l’art et à l’art de vivre que je mets au cœur de ma mission. Pour moi, permettre la découverte et la décompression tout en travaillant mais à travers un lieu est incroyablement puissant.

Parlons maintenant entrepreneuriat ! Quels défis rencontres-tu en tant qu’artiste et entrepreneuse ? Comment arrives-tu à les surmonter ?

Les défis sont innombrables en tant qu’artiste entrepreneuse. Le secteur d’activité est particulier. Mon seul levier pour vendre mon travail et mes prestations, c’est le coup de cœur, l’émotion. Rien d’autre ! Je ne réponds à aucun besoin si ce n’est ce petit pouvoir de faire du bien avec du beau. 

L’autre difficulté est qu’il faut porter plusieurs casquettes et souvent seule ! Pour moi, le plus complexe a été la solitude. Mon travail de création, à l’atelier, est nécessairement solitaire. Pourtant, faire sortir son travail artistique à l’extérieur est essentiel pour rencontrer du monde. Je travaille donc de plus en plus sur des œuvres de commande, notamment à travers les fresques murales. Et je propose aussi des prestations en live pour rendre un événement unique et mémorable, des expositions, des collaborations avec des marques et des partenariats avec des galeries.

Quels rôles les réseaux d’entrepreneur·e·s jouent-ils dans le développement de ton activité ?

Au départ, je n’étais pas du tout attirée par les réseaux. Aujourd’hui, avec le recul, je sais qu’ils sont indispensables et ils me font beaucoup de bien. Quand on est entrepreneuse, c’est important de se faire connaître et de créer du lien. Le risque est que le réseautage peut aussi devenir chronophage. On peut vite se disperser et cela peut nous détourner de nos objectifs réels et de notre propre alignement.

L’idéal est de cibler deux à trois réseaux réguliers au maximum. Mais la rencontre reste le seul moyen de pouvoir développer des synergies. C’est grâce aux réseaux que j’ai réussi à rompre l’isolement en allant rencontrer les gens et en partageant mes problématiques. On y trouve toujours des réponses et de nouveaux angles de vue.

Tu fais partie de l’antenne de Femmes des Territoires de Tours et tu as été co-coordinatrice pendant 2 ans. Pourquoi as-tu choisi de t’investir dans notre réseau ?

J’apprécie avant tout les valeurs, la simplicité et l’accessibilité de Femmes des Territoires. J’y puise tellement de confiance, de partage et d’écoute. C’est un lieu de bienveillance et d’humilité, mais également de montée en compétences. Le réseau m’a donné confiance et m’a apporté l’élan nécessaire, en 2022, pour me lancer dans mon activité de réception à la Maison Tokoto. Mon rôle de co-coordinatrice pendant 2 ans m’a aussi fait beaucoup de bien. Il m’a obligée à me mettre en avant et a renforcé ma posture d’entrepreneuse.

Quel message aimerais-tu transmettre à celles qui se lancent dans l’entrepreneuriat ?

Foncez ! Osez ! Ayez confiance ! Mais ne restez pas seules. Faites-vous aider par d’autres femmes. On est plus fortes ensemble !