Cécile André

Comment es-tu devenue boulangère ?

J’ai travaillé pendant 15 ans en tant qu’infirmière en réanimation et j’ai eu envie de changer de voie. Nous avons déménagé de la région parisienne à la Haute-Savoie et ce moment a été propice à cette reconversion. Au départ, j’ai commencé à me former en pâtisserie. Mais en parallèle, suite à la fermeture de la boulangerie du village, je me suis mise à faire du pain. J’ai développé une souche de levain et là j’ai eu le déclic !

J’ai pris conscience que je voulais fabriquer du pain avant tout. J’ai suivi une formation à l’école internationale de boulangerie qui forme sur la panification au levain mais aussi sur toute la partie entrepreneuriale. J’avais toutes les clés en main pour ouvrir mon fournil !

Où vends-tu ton pain ?

Mon fournil Farine Bise est situé à Bonnevaux, en Haute-Savoie. La particularité est que je ne fais que 3 fournées par semaine. Je vends ensuite mes pains de campagne, aux graines et pains spéciaux, deux soirs par semaine au fournil et une fois au marché du village voisin.

Pourquoi était-ce important pour toi de créer une entreprise à impact environnemental et sociétal ?

J’avais avant tout envie de créer une entreprise en lien avec mes valeurs personnelles. Avant d’ouvrir mon fournil, j’avais déjà adopté une démarche respectueuse de l’environnement puisque je ne consommais que des produits locaux et bios. C’était une suite logique !

J’ai eu envie de fabriquer du pain, de la brioche et des biscuits à partir de produits de qualité. Je travaille avec un meunier et avec des fournisseurs français locaux  pour m’approvisionner en œufs, petit épeautre, graines, beurre et noix.

Quel est ton moteur au quotidien ?

Je prends beaucoup de plaisir à travailler la pâte à pain et à sortir ensuite les pains du four. Ce qui me réjouit encore plus ce sont les remerciements de mes clients et leur satisfaction. Grâce à leurs retours positifs, je mesure l’impact environnemental : ils ne jettent plus de restes de pain, car il se conserve très bien !

Quelles difficultés as-tu rencontrées et comment les as-tu surmontées ?

Mon plus grand défi a été d’ouvrir le fournil. Mon projet était atypique et j’ai dû le défendre ! Heureusement, j’ai été très entourée pour gérer la partie administrative qui était très lourde. La charge mentale était énorme : échanges avec la banque, avec les fournisseurs d’énergie, recherche des fournisseurs, etc.

Une fois passé ce cap de l’ouverture, j’ai réussi à trouver mon organisation. Mon entourage personnel et professionnel m’a aidée à surmonter les difficultés et à avancer.

Tu es lauréate de la première édition du Prix Femmes des Territoires de 2024 : en quoi ce prix et la dotation vont-ils pouvoir t’aider ?

C’était ma première participation à un concours ! Je suis à la fois ravie et reconnaissante d’être l’une des lauréates. Avec cette dotation, j’aimerais trouver une solution pour régler le problème des invendus. Je suis très sensible au gaspillage alimentaire et je cherche donc une idée pour mieux gérer le surplus de pain qui me reste parfois.

Quel message souhaites-tu transmettre aux femmes qui se lancent dans l’entrepreneuriat ? 

Gardez en tête que vous êtes aussi légitimes que les hommes, quel que soit votre projet ! Mon expérience en est la preuve. J’ai brisé tous les codes dans le secteur de la boulangerie qui est très masculin et aujourd’hui la qualité de mon travail est reconnue.

Enfin, l’entrepreneuriat peut être épuisant mais aussi tellement gratifiant ! C’est une réelle satisfaction de constater le chemin parcouru. Si vous avez des idées pour votre projet, tenez bon et restez bien entourées !